Conflits et construction de la paix

Fotografía cedida por Jorge Reig. Todos los derechos reservados.

Présentation

L’objectif de cette ligne de recherche créée en 2005 est l’analyse des conflits armés et des processus de construction de la paix dans leur dimension internationale, régionale (Union Africaine, CEDEAO, autres organisations sous régionales), nationale et locale. L’accent est mis sur les initiatives locales de paix, particulièrement des femmes et des autorités communautaires.

Elle aborde ainsi des sujets liés à la genèse, aux causes et à la prolongation de la violence armée en Afrique, en tenant compte autant des facteurs endogènes qu’exogènes (dérivés de l’insertion particulière de l’Afrique dans un système international politique et économique profondément injuste). Sont analysés de même les aspects liés à l’histoire et à la politique de chaque conflit, leurs acteurs (locaux, étatiques, régionaux e internationaux), les dynamiques propres à chaque conflit, le rôle des femmes, la violation des droits humains.

Un autre domaine de travail de cette ligne est celui de l’agenda international de paix et de sécurité, et son déploiement dans les scénarios africains de conflit et post conflit. L’intérêt est porté particulièrement sur les interventions militaires humanitaires, le principe de la responsabilité de protéger, les sanctions, les embargos, les tâches de prévention et de résolution des conflits et de reconstruction post-conflit. Nos chercheurs travaillent sur différents aspects de cet agenda international: les missions de paix de l’ONU, de l’UA ainsi que celles d’autres organisations régionales telles que la CEDEAO, la SADC ou l’IGAD; les programmes d’assistance humanitaire, de désarmement, démobilisation et réintégration des combattants ; les réformes du secteur de la sécurité ; la justice transitionnelle (tribunaux pénaux, commissions de la vérité); la supervision des droits humains ; les personnes réfugiées, déplacées ou retournées. Sont analysés de même les défis issus de l’incorporation de la perspective de genre dans cet agenda international depuis la résolution 1325 de l’ONU.

Dans le cadre de ces recherches, la ligne s’articule autour d’un noyau de chercheurs ouvert à un travail en réseau, flexible, en collaboration avec d’autres chercheurs et institutions.

Projects

Causes et dynamiques des conflits armés en Afrique

Depuis la fin de la Guerre Froide, les guerres civiles africaines ont souvent été expliquées comme des «nouvelles guerres» dans lesquelles, dans un contexte de décomposition des dénommés “états faillis”, des organisations criminelles (les seigneurs de la guerre) alimentent avec une violence extrême le commerce illégal des ressources naturelles (diamants, coltan et autres minéraux, bois précieux, etc.) apprécies sur les marchés internationaux. Tout en reconnaissant certains aspects intéressants de cette littérature, englobée sous le label de la «malédiction des ressources », un des axes de recherche de la ligne a été le questionnement de cette narrative réductrice qui met l’emphase sur un seul facteur des conflits.

Nous défendons au contraire que pour bien comprendre le fond des conflits en Afrique il faut porter le regard sur une pluralité de facteurs, tant politiques que sociaux, économiques et culturels, complexes et hétérogènes, loin de l’image transmise par les moyens de communication. Nous analysons les conflits sous différents angles, en les situant dans leur contexte historique et politique, en analysant les motivations de leurs principaux acteurs, leurs agendas, les processus de gestation des griefs et des besoins sous-jacents, soulignant toujours qu’il ne s’agit pas de guerres « internes » et « civiles » mais des espaces de violence armée dont les causes et les acteurs ne sont pas strictement locaux ni nationaux mais régionaux et internationaux. Nous voulons nous éloigner des perspectives centrées exclusivement sur les élites pour mieux comprendre le rôle des acteurs locaux (les femmes, les dirigeants communautaires, les autorités traditionnelles, les défenseurs des droits humains, etc). Nous avons travaillé entre autres sur les suivants pays et régions: Angola, Ethiopie, Liberia, la région des Grands Lacs (RDC, Rwanda, Burundi), Sierra Leone, Somalie, Sud Soudan, Ouganda, entre autres.

L'agenda libéral de construction de la paix

L’agenda politique international a incorporé au cours de ces dernières années l’idée que la « construction de la paix » requiert nécessairement l’envoi de missions militaires d’organisation internationales pour promouvoir de profondes réformes structurelles en collaboration avec les élites locales. L’objectif officiel est la reconstruction des institutions étatiques pour les convertir en démocraties représentatives avec des économies de marché néolibérales. Cette recette dénommée la “paix libérale” a été déployée dans maint pays africains, et s’est vue entourée de multiples débats et controverses au sujet de son efficacité et de sa légitimité.

La ligne de recherche sur les conflits armés et la construction de la paix du GEA a abordé ces débats sur la “paix libérale” dans plusieurs travaux du point de vue des études critique de paix et sécurité, et concrètement les processus de sécuritisation, l’impact des sanctions internationales, les controverses et dilemmes autour des trois dimensions de cette paix :

  • la dimension sécuritaire, et les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration des combattants ; les personnes réfugiées, déplacées ou retournées ; la justice transitionnelle (tribunaux pénaux, commissions de la vérité);
  • la dimension politique, les réformes constitutionnelles, le soutient aux partis politiques, l’agenda de genre, les droits humains, etc.
  • la dimension socioéconomique, les politiques d’ajustement, les réformes fiscales, la lutte contre la corruption, la reconstruction des infrastructures, etc.

De manières transversale, l’analyse est portée sur la dimension de genre de l’agenda de construction de la paix, suite aux résolutions 1325, 1820 du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Construit sur une vision hégémonique, cet agenda conçoit le libéralisme comme une recette pour la paix, et portrait les acteurs dits externes en tant qu’agents libéraux, constructeurs de paix face aux autres, les africains (locaux ou régionaux), présentés comme illibéraux. Ces stéréotypes cachent les multiples pratiques non libérales déployées par les acteurs internationaux lors des processus de paix dans le continent subsaharien, ainsi que l’agence des acteurs locaux dans les processus de paix.

Travail de recherche en réseau

La ligne de recherche sur les conflits et la construction de la paix du GEA est conçue comme un réseau de chercheurs de différentes universités, en collaboration avec d’autres institutions et projets de recherche. Depuis 2006, nous participons dans un réseau de groupes de recherche avec HEGOA (Université du Pays Basque) et le Nucleo de Estudos da Paz de l’Université de Coimbra.

Publications